De nombreux pays tels que la France appliquent actuellement des mesures d’une envergure encore inégalée afin de faire face à la pandémie de Covid-19. Entre les aides sociales, les mesures sanitaires, les réductions d’impôt et autres actions menées d’une valeur de plusieurs milliards d’euros, la situation ne peut qu’aboutir à une crise économique d’envergure mondiale. Il reste à savoir quel serait son degré de gravité par rapport aux anciennes crises qui sont déjà passées ? Une telle conjoncture laisserait perplexes même les plus optimistes d’entre nous, surtout dans la mesure où il s’agirait d’un bouleversement économique sans précédent dans notre histoire.
A titre de rappel, trois grandes crises ont marqué un tournant majeur au niveau de l’économie mondiale. Il s’agit notamment du krach boursier de 1929, du choc pétrolier de 1974 et de la crise des subprimes durant l’année 2008. Si l’on compare toutes ces crises, nous pouvons constater plusieurs points communs, dont une apparition soudaine, un champ d’action et des conséquences à l’échelle internationale. Bien que le monde ait continué de tourner, ces crises ont engendré d’importants troubles. En effet, le krach boursier de 1929 a conduit à la seconde guerre mondiale tandis que le choc pétrolier de 1974 a marqué la fin des trente glorieuses. Quant à la crise des subprimes et la faillite de la banque d’affaires Lehmann Brothers durant les années 2008, elles ont causé un endettement conséquent de nombreux Etats, un taux de chômage en nette croissance touchant une multitude de foyers et une déstabilisation de l’activité des banques centrales. Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 prend une telle proportion que l’on pourrait s’attendre à un choc économique jamais vu encore auparavant.
Une crise économique, qu’est-ce que c’est ?
De manière générale, une économie saine se traduit par des communications et des échanges permanents de biens et de services entre différentes parties. Ces échanges peuvent se présenter sous forme de produits consommables, de matières premières, de produits financiers, de prestations de services, etc. En cas de crise économique, ces échanges et communications diminuent de manière progressive, et peuvent même s’arrêter dans certaines mesures. Concrètement, une entreprise qui dépose son bilan implique de nombreuses personnes au chômage et, par conséquent, une multitude d’échanges et de communications qui se dissipent. Sur une plus grande échelle, des dizaines ou des centaines d’entreprises en faillite mettent fin à un énorme volume d’échanges et de communications. Ce mouvement en chaine donnera lieu à une réduction importante de la production et de la consommation.
A juste titre, un facteur économique peut donc provoquer un effet domino sur l’ensemble de l’économie d’une nation, voire du monde entier. Le krack boursier de 1929 a été principalement causé par une crise bancaire majeure et un déséquilibre significatif entre l’offre et la demande en matière de consommation. La crise de 1974 a, quant à elle, été le résultat de la flambée du cours du pétrole. Durant l’année 2008, le dépôt de bilan du groupe Lehmann Brothers compte parmi les raisons qui ont chamboulé l’ordre économique mondial. Des crises dites « mineures » ayant provoqué la faillite d’innombrables entreprises et le chômage de milliers d’individus ont cependant été observées tout au long de l’histoire, avec divers facteurs économiques pour principale cause.
Aujourd’hui, nous faisons toutefois face à un nouveau type de crise économique, car son origine n’est pas d’ordre économique mais plutôt sanitaire. L’arrêt d’activités des entreprises, l’augmentation du taux de chômage de la population et, de cause à effet, la chute des échanges ne résultent cependant plus d’un quelconque facteur économique, mais des mesures sanitaires adoptées pour lutter contre le Coronavirus. En effet, avec le système de confinement mis en place par nos dirigeants pour stopper la propagation de la pandémie, des échanges terrestres, maritimes et aériens en masse ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Une nouvelle crise économique aux conséquences imprévisibles
Si les impacts réels des anciennes crises majeures n’ont été ressentis que plusieurs années plus tard au niveau économique, le scénario actuel parait bien différent. Nous sommes aujourd’hui les témoins d’un effondrement du marché de la Bourse en l’espace d’un mois seulement, avec un dévissage à hauteur de 40 % pour de nombreuses Bourses mondiales.
Pour rappel, les taux les plus bas n’ont pu être observés qu’après deux ans et plus, suite aux différentes crises économiques qui ont touché le marché mondial. Cependant, la chute du marché de la Bourse dès le mois de février dernier constitue un signe alarmant dans la mesure où la pandémie du Covid-19 fut déclarée seulement deux mois avant cette date en Chine. De manière générale, même une faible diminution de l’ordre de 1 % du PIB en l’espace de trois mois engendrerait de graves séquelles au niveau de l’économie d’un Etat. Les activités des entreprises s’en retrouveront déstabilisées, impliquant généralement une hausse du taux de chômage. La chute du PIB actuel est toutefois est toutefois estimé à environ 4 %, notamment en raison des mesures drastiques prises concernant la suspension de nombreuses activités à compter du mois de mars dernier.
A noter également que les séquelles de la crise économique de 2008 n’ont toujours pas été résolues jusqu’à présent. Face au fort endettement des Etats, les banques centrales n’ont pas eu d’autres choix que d’optimiser le flux des liquidités à l’international et de diminuer les taux jusqu’à la limite du possible. Cependant, cette alternative n’a pas été en mesure de rétablir l’économie mondiale à son niveau initial. Mais encore, un ralentissement conséquent de la croissance mondiale a été observé alors que la mondialisation battait son plein il n’y a pas si longtemps de cela.
La conjoncture actuelle est tout simplement inédite, car l’humanité entière n’a jamais vécu une telle situation au cours de son existence. Le temps s’est pratiquement figé à l’échelle mondiale, en l’espace de quelques semaines seulement. Des milliards de personnes à travers le monde ont dû être confinées chez elles à cause de la propagation démesurée du Coronavirus, entrainant ainsi un arrêt brusque des activités professionnelles qui leur incombaient au quotidien. Si l’on assimilait les faits à un séisme économique pour en mesurer la gravité sur une échelle de Richter, elle serait surement à 10.